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Agile pour me défendre, tu voyais venir le trait lancé contre moi ; d’un bond tu l’évitais, ou bien tu le recevais pour m’en préserver. Tu étais pour moi une sorte de bouclier plein d’intelligence et de vie. Combien je serai triste lorsque, dans la joie de la victoire, il me faudra rentrer dans ma capitale sur un autre coursier ! Aux acclamations du peuple enivré de ma présence, il ne lèvera pas sa tête superbe ; il ne sentira pas qu’il porte un victorieux. Toi, dans ces solennités, tu semblais dire : « Nous avons combattu ensemble », et tu disais vrai, et le peuple de son côté s’écriait : « Voilà Egbert sur son beau cheval de bataille ! » Pour ta gloire, la postérité du moins recueillera mes larmes. Le misérable qui t’a tué, quel est-il ? Oh ! s’il avait un nom, mon glaive irait le chercher dans la mêlée. En te vengeant, je me vengerais. Que tout tremble ! Pour un qui l’a frappé, mille périront. Que la guerre recommence plus terrible ! En avant, qu’on me suive, pressez vos chevaux. Moi je n’ai plus le mien, je vais combattre à pied ; douleur, douleur, Egbert a perdu son beau cheval ! »