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parmi les Saxons, pour annoncer une bataille.

SARDICK.

Elle est venue des antres du nord la horde noire, comme le vent lorsque dans sa furie il brise les mille portes de ses mille cavernes. La tempête a tenu lieu de rameurs a leurs barques. Elle a poussé ces farouches sur nos côtes. Là où ils passent les villes tombent, les torrens avec leurs cailloux roulent autant de têtes. Tout frémit à leur passage ; tout se tait jusqu’au souffle de l’air si pur de nos contrées.

Frappez trois fois sur vos boucliers, compagnons ; le dieu Thor, roi du tonnerre, ne veut pas d’autre mélodie.


Qui sont-ils ? le rebut des forêts de sapins de la Scandinavie. À quoi ressemblent-ils ? à des loups affamés. Vous les avez vus, vous les verrez encore ces vagues vivantes qui viendront se briser contre le roc de vos bataillons. Que veulent-ils ? faire jaillir sous la pierre la cervelle de vos enfans ; souiller la couche où leurs mères gardent pour vous seuls de pudiques baisers. Maintenant ils reposent étendus au loin sur la rive. Qu’ils s’y reposent pour jamais lorsque vos glaives les y auront couchés. À votre retour, vos femmes sentiront avec délices sur vos habits l’odeur de leur sang.

Frappez trois fois sur vos boucliers, compagnons ; le dieu Thor, roi du tonnerre, ne veut pas d’autre mélodie.