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gouvernait, Egbert, non moins grand qu’Arthur, a planté, près d’Henges-Down, sur des rochers disposés en amphithéâtre, la noble bannière saxonne, où sur un fond cramoisi se dessine un cheval à la crinière blanche. Ces rochers, dépouillés de verdure, offrent à peine quelques claires broussailles, quelques sapins épars dont les racines se nourrissent sous la pierre stérile, tandis qu’à l’autre extrémité la plaine, arrosée par les eaux vives d’une large rivière, étale toutes les richesses de la plus belle végétation. C’est un tapis de gazon que la nature a préparé pour une fête de jeunes filles, non pour un champ de carnage livré à d’impétueux escadrons. Par une inspiration de son génie militaire, Egbert a choisi ces rochers à cause même de leur aridité. Il veut irriter par la soif le courage de ses soldats ; aussi lui crient-ils : « La soif est un ennemi de plus. » Il répond : « La rivière coule là-bas au pied du camp des Danois. Nous irons payer l’eau avec leur sang. — Donne donc le signal. — Attendez-le. À moi le commandement, à vous l’obéissance. »