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précis de ma résidence, ce qui fournissait une excuse à la négligence et non certes à l’oubli des fils de Gavino.

« Mes voyages augmentèrent mes relations ; par elles s’accrut ma richesse. Mes opérations absorbaient les jours et les mois. Enfin, vous le dirai-je ? oui, dussé-je par-là révéler un tort : je perdis la trace des deux frères. J’écrivis cependant à Madrid ; je priai l’un de mes correspondais de s’informer si dans l’armée, si dans la médecine, on ne connaissait point deux pauvres diables, l’un sous le nom de Fabrice, l’autre sous celui de Pedro. Ces recherches n’eurent aucun résultat. Un jour cependant la gazette me tomba par hasard dans les mains. J’y lus qu’une action éclatante venait d’élever au grade de colonel, quoique bien jeune encore, le seigneur Pedro. Il n’avait que vingt-huit ans ; c’était l’âge du fils de Gavino. Antagoniste de mon ami dans ses chimères vaniteuses, je n’allai pas tout d’abord les croire changées en réalité ; mais ne peut-il donc jamais se faire que la fortune soit aussi folle que nos projets ! Je trouvai