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contrèrent mes yeux pour la première fois ; la terre où ma mère, avant de balancer mon berceau, l’avait souvent rêvé. M’exilant, jeune encore, de ces lieux aimés, pour la vaste cité des arts, j’étais venu, comme tous les enfans de la civilisation nouvelle, me placer au bas de ces tribunes d’où s’échappent la parole et la science. Aujourd’hui le même culte me ramène au point du départ. La Provence, dans une fête toute patriotique, élève un monument à l’auteur d’Anacharsis, à celui qui, dans ses pages, faisant revivre la Grèce, donne à Marseille le double orgueil de connaître à la fois quel homme elle a produit et de quel peuple elle est sortie.

Que les temps ont grandi ! que les lettres ont pris de puissance ! Tout une province se lève pour rendre hommage à un modeste antiquaire, au vertueux et simple Barthélémy.

Ainsi je réfléchissais en voyageant au milieu de cette double muraille de rochers sombres qui précèdent Marseille et servent de voile à sa magnificence, d’abord cachée. Dans cette route, ou plutôt dans ce fossé