Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/338

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 321 —

jours seront fleuris et nombreux. Tu te joues à travers la vie ; elle est pour toi comme ces forêts riantes où la gazelle bondit joyeuse. Ton avenir, c’est le soir, quand le matin tu vois luire le jour ; ta patrie, c’est la vallée de Bonpas, quand ton cœur s’émeut à l’aspect du paysage, où le soleil verse en pluie ses rayons ; à tes yeux, les bornes de l’univers sont aux vieux remparts de Nove, et tu ne connais pas de plus grande merveille dans ce monde que la roue tournant sur le ruisseau de Besaure pour broyer le blé. Si tu conduis à la fontaine la chèvre indocile, tu te plais à la suivre, à l’imiter dans ses pas capricieux ; si, vers l’un des coteaux près de Lauris, le genêt odorant se rencontre sous ta main, tu le cueilles, tu l’entrelaces dans ta chevelure, et te voilà fière comme les reines sous leur velours. Tes chagrins, la pluie les amène, le soleil les emporte. Ta seule ambition, c’est d’être assez sage, et tu l’es toujours, pour qu’au saint jour de Pâques le pain de l’Eucharistie fasse descendre dans ton âme une extase céleste. C’est là ce que tu demandes à Dieu,