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offrir l’image d’une mer agitée dans laquelle se plongent des milliers d’oiseaux. À mesure que les arbres deviennent moins touffus, qu’ils se montrent épars, qu’ils se fuient, les fleurs se dressent, les unes avec leur tête ombellifère, les autres avec leurs feuilles panachées. Quelle scène majestueuse ! Rien n’en trouble le calme, car le silence s’en est emparé. La nature, voulant être seule dans cette vallée, en a banni les villages, qu’on ne rencontre qu’au-delà des collines, où ils forment une seconde chaîne, une enceinte de remparts habités. L’homme a senti qu’il devait venir dans la vallée pour admirer, mais non pour y construire son toit. Victorieuse cette fois de ce fier dominateur, la nature semble lui avoir dit : « Tu me serviras ici en esclave ; approche, laboure et va-t’en. Quand mes fruits seront mûrs, quand, prêts à se flétrir, ils cesseront d’être une parure, je te les donnerai pour te nourrir. »

Comme dernière magie, la Durance, avec une voix de lion, traverse la vallée dans toute sa longueur de l’orient à l’occident ;