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« Comme poésie, cela est ravissant ; mais comme caractère, comme mœurs, c’est presque risible. Est-ce un chevalier qui parle ? Des images de guerre et d’amour empruntées à la galanterie belliqueuse des tournois sont-elles en harmonie avec ces musulmans dont la tendresse est un peu grossière, et qui, pour rendre la volupté éternelle, ont fait de leur paradis un sérail ?

— Ces deux défauts qui, du reste, se tiennent dans Orosmane, une fausse couleur dans la physionomie et quelque fadeur dans l’expression de son amour, se rencontrent aussi dans plusieurs autres rôles. L’Achille de Racine n’est pas celui d’Homère. La critique y a vu plutôt un héros français qu’un héros grec. Néron même, si bien empreint de la couleur antique, Néron débite à Junie des madrigaux qui, vous ne l’ignorez pas, sentent un peu la cour de Versailles.

— Oh ! quelle différence ! si Racine nous avait représenté l’Achille d’Homère, il nous aurait révoltés. Comment la délicatesse fran-