Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 230 —

goureux je ne le comprends plus. Orosmane, appuyé sur Shakespeare, me convient : c’est de la tragédie. Orosmane, se rapprochant de Mlle de Scudéry, me décourage ; ce n’est plus que du roman. Cependant c’est un rôle contre lequel je lutte. Souvent le soir, après l’avoir joué, lorsque nous rentrons ma femme et moi, nous nous mettons à analyser ensemble les passages dont je n’ai pas été satisfait et ceux qu’elle a blâmés de son côté. Ma femme a un goût exquis, un esprit vraiment supérieur : elle excelle surtout à peindre les sentimens tendres. Eh bien, rien de complet n’est encore sorti de cette double émulation. Je vous l’ai dit : c’est la fausse physionomie du personnage qui me gène.

« Au reste, Voltaire lui-même l’a senti. Son Orosmane, dans presque la moitié du rôle, n’est plus un Soudan : rien en lui ne rappelle les mœurs asiatiques. La preuve, c’est qu’au moment où la rage de la jalousie le ramène violemment à sa nature, il s’écrie :

Des rois de l’Orient suivons l’antique usage.