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plus attentif. Mes impressions, quoiqu’elles fussent produites par une conversation pure de toute emphase, devinrent profondes. « Un calme apparent, dans les hommes agités, fait donc remuer l’âme ! me disais-je. L’éloquence peut donc avoir de la force sans que le corps se livre à des mouvemens désordonnés ! » Je m’aperçus même que le discours, lorsqu’on le débite sans efforts et sans cris, rend le geste plus énergique, et donne à la physionomie plus d’expression.

« Dès ce moment j’acquis une lumière nouvelle, j’entrevis mon art régénéré. Je travaillai à me faire, non plus un mannequin monté sur des échasses pour être à la hauteur du Capitole, et du Capitole encore tel qu’on se le figure au collége, mais je me fis, dis-je, un girondin, un césar-homme, s’entretenant de sa ville avec ce naturel que l’on met à parler de ses propres affaires. À tout prendre, les affaires de Rome c’étaient celles de César. Pompée lui-même, le vaniteux Pompée, montait bien quelquefois sur un char de triomphe ; mais là il n’était plus