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à lui. La jeunesse n’a pas peur de se laisser surprendre : elle sent le plaisir, elle ne le raisonne pas ; elle est, de plus, dégagée de tout système, de toute préoccupation, de tout préjugé. Elle me prend tel que je suis, non tel qu’elle me voudrait. Elle n’a pas cette singulière vanité des gens un peu âgés qui les porte à censurer l’acteur du jour pour rehausser l’acteur du passé, car c’est comme s’ils disaient : « Lekain était notre ouvrage, aussi était-il sans défauts. Talma a été formé par la génération actuelle, aussi est-il plein d’imperfections. » Cela fut de tous temps : les vieillards qui avaient vu Baron appelaient Lekain le taureau.

« Quand les élèves de l’École polytechnique, ces braves jeunes gens pleins d’ardeur et de lumières, me demandent une représentation, je ne saurais vous dire quel plaisir je leur dois. Comme leur présence m’électrise, lorsqu’à mon entrée sur la scène je vois leurs yeux brillans m’envoyer des étincelles ! Ces soirées sont dans ma vie théâtrale de belles pages. Alors je cherche des effets nou-