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Eh ! dame, ce n’était plus la paix de la vie des champs. Cent métiers à forge, à marteau, à roues tournantes, mêlaient leur bruit aux cris du commerce ambulant. L’hydre aux mille têtes sifflait de partout. Ajoutez-y le grincement des voitures. Toutefois, à la fin, en descendant, à droite, à cinquante pas, au plus, de Notre-Dame-de-Lorette, la coutume était de faire halte pour prendre un rafraîchissement ou un cordial, comme on voudra. Le touriste pénétrait aussitôt dans une maison ni belle, ni laide, sans caractère, sans enseigne, mais qui passait pour servir la meilleure bière du monde connu.

Eh bien, c’est là.

Une grande porte vitrée qui s’ouvre à deux battants. Entrez. Vous voilà sur le seuil d’un immense boyau, si long, si long qu’il n’en finit plus. Dans le langage nouveau, pris à l’anglais qui nous l’a volé, comme il nous a démarqué tant d’autres mots, on appelle ça un hall. En réalité, c’est une salle de deux cents mètres qui aurait bien quel- que analogie avec ces prisons scolaires de nos lycées, si elle était meublée de tables pour études au lieu de tables pour boire. Mais encore une fois ce qui la différencie, c’est son étrange étendue. Par un bout, elle confine à la rue des Martyrs et par l’autre bout, elle touche à la rue Notre- Dame-de-Lorette. Pendant les beaux jours du moyen âge, elle aurait pu servir de lieu de séance à un concile ou à un conclave. Hier, au mo-