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LA BRASSERIE
DE LA RUE DES MARTYRS

I

Voilà cinquante ans, c’était une des curiosités de Paris. Les géographes d’alors en ont fait mention ; la chronique s’en est fort occupée. En ce temps-là, comme le mur d’enceinte, le fameux mur fiscal de l’abbé Terray, n’était pas encore démoli, Montmartre était considéré comme un pays à part, encore boisé, puisqu’on y voyait des tonnelles tapissées en chèvrefeuille ; encore agreste, puisqu’on y cultivait des radis roses. Ceux de la ville tenaient à l’habitude de le considérer comme étant toujours la campagne. Au fait, trois acacias et un noyer centenaire y donnaient l’illusion de l’idylle. Les touristes assuraient qu’il y courait, par moment, l’été, un escadron de lézards et peut-être un hérisson. Cependant, pour dire vrai, cette zone était comme un lieu d’asile, un campement