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LES PRÉROGATIVES DES FEMMES EN L’ANCIENNE FRANCE

Au Moyen Âge, les femmes nobles veuves ou célibataires qui possédaient des fiefs, étaient dans l’étendue de ces fiefs investies du droit de lever des troupes, de rendre la justice, de battre monnaie, d’imposer des taxes, d’octroyer des chartes.

Les clercs, révoltés de voir les détentrices de fiefs faire fonction d’hommes, voulurent que leurs prérogatives leur fussent enlevées. Un synode de Nantes contemporain des premières origines féodales injuria à ce propos les femmes. Les peu galants ecclésiastiques assemblés appelèrent les femmes « femmelettes ».

En l’ancienne France, ce n’était point seulement les femmes de qualité qui participaient à la politique : les simples « vilaines » eurent dès l’émancipation des communes le droit d’opiner dans leurs villes et villages.

Depuis les temps les plus anciens, dit Élisée Reclus, les habitants de Besançon avaient le titre et le rang de citoyen et de citoyenne. Les femmes dans les actes publics étaient qualifiées citoyennes.

Dès 1182, la loy de Beaumont ordonna aux veuves, aux filles ayant leur ménage et aux femmes mariées en l’absence de leurs maris, de prendre part aux délibérations et aux votes, non seulement lorsqu’il s’agissait d’affaires administratives ; mais même quand il fallait décider des questions politiques et sociales.

On retrouve dans les archives des Communes qui vivaient sous la loy de Beaumont, les procès-verbaux des séances où les veuves, les filles et les femmes, délibéraient avec les hommes.