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LA FEMME DANS LA COMMUNE

La compatriote que le Français comble d’humiliations et qu’il se complaît à faire, à son détriment, déconsidérer, est, ô ironie ! plus qu’aucune femme au monde, intelligente, utile et agréable.

En demandant que les femmes participent à l’administration municipale, nous ne réclamons pas une innovation, mais simplement le retour à ce qui fut de 1182 à 1789 ; la remise en vigueur et la généralisation, de la loy et coutume de Beaumont.

Cette loi rendue en 1182, à Beaumont en Argonne, se répandit dans tout l’Est, dans le Nord et sur les pays Basques. Elle prescrivait que les veuves, les filles ayant leur ménage et les femmes mariées en l’absence de leurs maris prissent part aux délibérations et aux votes.

Dans les documents qui mentionnent la part prise par les femmes à l’administration des bourgs et des villes, elles sont traitées sur le pied d’égalité avec l’homme, témoin cette finale : « Lesquels, tous et toutes firent, ordonnèrent et devisèrent entre eux. »

Plus d’un siècle après la révolution, les communes où les femmes sont les plus nombreuses et les plus imposées, n’ont pas même d’électeurs du sexe féminin. La participation des femmes à la gestion municipale décuplerait pourtant, la prospérité des localités auxquelles leurs flancs fournissent sans cesse de nouveaux habitants.