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LE VOTE DES FEMMES

Parce que le sexe féminin mis au ban de la république ne vote pas, les travailleuses à domicile qui exercent une profession — tout en élevant leurs enfants — ne bénéficieront point des retraites ouvrières ; les usurpateurs du droit des femmes, n’entendant pas diminuer la pension de retraite des électeurs pour en allouer une aux sans bulletins, qui peinent sans relâche, en même temps qu’elles perpétuent l’espèce humaine.

Parce que les femmes mises au ban de la République ne votent pas, elles se voient enlever le pain de la bouche. Sous prétexte de sauvegarder leur santé — en réalité pour réserver à l’homme le bon travail. — On leur mesure le labeur rétribué, mais elles peuvent travailler gratuitement, le jour, la nuit, les dimanches !…

Les femmes auxquelles il est interdit de veiller pour faire un travail bien payé ; ont la liberté de peiner, pourvu qu’elles ne gagnent rien en s’épuisant.

Lorsque les femmes voteront, elles jouiront du droit commun ; et, pour un travail égal, elles recevront un salaire égal à celui de l’homme.

Beaucoup de femmes sont vaincues en la lutte pour l’existence, parce qu’elles sont laissées sans armes politiques. L’exclusion du droit au vote prive du droit au pain ; l’homme s’étant attribué les gains en même temps que le suffrage.

L’émancipation économique du sexe féminin est liée à son émancipation politique. Les femmes ne peuvent disputer aux hommes les bonnes places pendant qu’elles