Page:Auclert - Le vote des femmes, 1908.pdf/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
REFUS DE L’IMPÔT

gement. En conséquence, je laisse aux hommes qui s’arrogent le privilège de gouverner, d’ordonner, de s’attribuer les budgets, le privilège de payer les impôts qu’ils votent et répartissent à leur gré.

« Puisque je n’ai pas le droit de contrôler l’emploi de mon argent, je ne veux plus en donner. Je ne veux pas être, par ma complaisance, complice de la vaste exploitation que l’autocratie masculine se croit le droit d’exercer à l’égard des femmes. Je n’ai pas de droits, donc je n’ai pas de charges ; je ne vote pas, je ne paye pas.

« Recevez, etc.

« Hubertine Auclert ».


Cette lettre fut publiée par tous les journaux ; les plus hostiles à nos idées écrivirent : « La question se trouve par cette logique serrée portée du coup sur son véritable terrain. » Dans une société tout repose sur le principe d’égalité, il est incompréhensible que les droits que les femmes demandent ne leur soient pas accordés : Nous payons des impôts disent-elles, nous devrions être autorisées à les voter et à en surveiller l’emploi. »

« Vous êtes dans l’impossibilité, d’opposer à ce raisonnement une seule objection qui n’ait pas été réfutée déjà par les partisans de la souveraineté populaire.

« L’examen de ce qui se passe dans l’existence fournit d’excellents arguments à l’appui de la théorie des femmes. Voilà par exemple une dame d’intelligence et de volonté qui a fondé une importante maison de com-