Page:Aubrée - Le général de Lescure (extraits - 3 témoignages), 1936.djvu/9

Cette page n’a pas encore été corrigée

une heure, et ensuite me conduisirent au château avec environ deux à trois volontaires, qui avaient été comme moi faits prisonniers. Arrivés, on nous dépouilla, et nos habits furent mis en morceaux. Enfermés dans le château, nous y avons resté trois jours sans pain ; le quatrième, on nous apporta un pain de six livres pour cent cinquante hommes que nous étions dans un appartement, avec un peu d’eau. J’ai resté enfermé pendant six jours, et le septième, à six heures, on m’a délivré un soi-disant passeport, j’ai parti aussitôt que j’en ai été saisi pour me rendre au district de Carentan, pour m’informer des administrateurs du parti que j’avais à prendre dans les circonstances.


Je viens de Fougères, où j’ai été fait prisonnier dimanche dernier. Les brigands m’ont enlevé mon fusil, mon habit et m’ont coupé les cheveux. Ils m’ont arraché mon casque et ont marché dessus. Ils m’ont proposé de servir avec eux. Sur mon refus de marcher contre les nôtres, ils m’ont fait mettre au château, où je suis resté jusqu’à mercredi soir, ils m’ont donné un billet, dont suit copie, après m’avoir fait promettre que je ne servirais plus contre eux et m’avoir fait crier : « Vive le Roy ! », ce que je n’ai fait que pour sauver ma vie car ils allaient me fusiller.

La ville de Fougères était pleine ; ils venaient dans les campagnes, comme des chasseurs. Il y avait beaucoup de paysans, ils étaient pour la plupart