Page:Aubrée - Le général de Lescure (extraits - 3 témoignages), 1936.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée

J’ai été volontaire en résultance de la loi du 24 février dernier sur le recrutement. J’ai été incorporé dans le bataillon de la Côte-d’Or, compagnie de Cheneta. Lors de l’invasion des brigands à Ernée, mon bataillon était à Fougères. Nous marchâmes vers eux ; le combat, quoique nous fussions en nombre inférieur, puisque nous n’étions pas trois mille hommes et que l’ennemi se présentait avec des forces d’environ dix mille hommes, fut opiniâtre et sanglant. J’ai combattu, pour mon compte, pendant environ cinq heures ; il y a eu une grande boucherie des brigands. Nous perdîmes aussi du monde ; mais un nommé Bachelet, qui commandait soit en second ou autrement, lorsqu’il y eut eu huit coups de canon tirés et deux décharges de mousqueterie de faites, cria : « Sauve qui peut ! » Alors toute notre armée se débanda. Le déposant déclare que le nommé Bachelet rentra dans la ville de Fougères, reçut une balle à la tête et qu’il est mort de cette blessure.

Le déposant, rentré également dans Fougères, fut fait prisonnier sur le champ de bataille, avec huit de ses camarades de sa compagnie. Il fut atteint par trois ennemis qui le sommèrent de se rendre et aussitôt le saisirent. L’un d’eux lui lâcha un coup de plat de sabre sur les reins avec une telle force que le déposant a encore de la peine à marcher.

Ces brigands me désarmèrent sur la place, devant l’arbre de la Liberté ; ensuite me conduisirent sous la boucherie, où je restai pendant environ