Page:Aubert de Gaspé - L'influence d'un livre, 1837.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96

de notre héros, et arrivèrent chez eux, quelques minutes après lui. Tous leurs efforts furent inutiles pour tirer, comme il le disaient, les vers du nez, des deux magiciens. Ils résolurent néanmoins d’essayer à tout risque, et se séparèrent pour faire les apprêts nécessaires.

Vers les neuf heures du soir, comme ils en étaient convenus, les deux étrangers se retirèrent, sous prétexte de garder leur chaloupe pendant la nuit ; Charles, surtout, attendait avec impatience. Enfin, l’heure arriva, et ils s’acheminèrent vers le bosquet. Tirer un briquet et allumer la chandelle fut l’affaire d’un moment, et ils commencèrent tous deux une marche lente et majestueuse. Après plusieurs détours, ils arrivèrent près de l’endroit où étaient cachés les deux jeunes gens. Adolphe tira, aussitôt, son coup, l’air passa près du visage d’Amand, mais n’éteignit pas la lumière. Ce dernier tressaillit : — Bonne place, dit-il, à son compagnon : Cherchons. Un second coup de la canne eut plus d’effet, ils se trouvèrent dans les ténèbres. Le héros eût immédiatement recours, de nouveau, au briquet, alluma une autre chandelle et se mit aussitôt en besogne. Qui pourrait peindre sa joie lorsque d’un coup de sa bêche il frappa le haut d’un baril ; il ne put prononcer que ces mots : — Capistrau, notre fortune est faite : travaillons, mon garçon. Ils le tirèrent, avec peine, et regagnèrent, en grande hâte, l’embarcation. Le précieux fardeau n’y fut pas plutôt déposé qu’Amand, armé d’une hache, en fit sauter le