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flanc de la montagne par les voyageurs curieux qui visitent souvent cette curiosité naturelle. Après bien des peines et des sueurs nos deux aventuriers parvinrent au sommet, presqu’exténués ; mais l’épuisement physique ne fut rien comparé à la consternation qui s’empara du cœur de notre héros lorsqu’il découvrit qu’il était impossible d’arriver à l’ouverture autrement que par le fleuve et qu’il vit le courant impétueux qui, semblable à une chute, s’y précipitait avec fracas. Il jeta un regard douloureux sur son compagnon et soupira en se croisant les bras. Capistrau, prit la parole : — Tiens, Amand, dit-il, tu dois être persuadé, qu’il est impossible de rentrer là-dedans ; quant à moi je n’y ai jamais eu de confiance ; crois-m’en nous ferons mieux de chercher ailleurs, aussi bien, je me rappelle d’avoir entendu dire à mon grand-père, qu’un seigneur qui passait pour très-riche était mort dans cette paroisse et que, malgré toutes les recherches qu’on a pu faire, on n’a jamais trouvé un sol chez lui ; et beaucoup de personnes ont dit qu’il avait coutume d’enterrer son argent dans le bois qui avoisinait son domaine. Si tu veux m’en croire nous allons nous rendre aux maisons pour nous reposer, en attendant la nuit, et vers minuit nous irons faire une recherche. Pour que personne ne se doute de nous, nous dirons que nous voulons coucher dans la chaloupe où nous retournerons après la veillée.

— C’est bon, je le veux bien ; car je te dirai la vérité, je crois que l’embarras ne serait pas de ren-