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a épousé un homme qui n’avait pas d’or, et cette phrase a été suivie d’une admonition maternelle sur les richesses — Eh ! bien, je le veux ; qu’on leur en donne de l’or : elles en demanderont encore, elles diront à leurs filles : Vous ne pouvez plus songer à épouser un homme de rien ; vous qui avez une fortune, il faut vous élever. Qu’on leur présente à ces femmes d’expérience un homme titré, riche, vieillard de vingt-cinq ans, cloaque de tout ce que la corruption humaine a inventé, alors écoutez-les dire : Il est jeune, il se corrigera, il doit faire le bonheur de notre enfant ; elle nous remerciera, un jour, de ce que nous la forçons de s’unir à lui. — Oui, elle vous remerciera ; ou peut-être vous maudira-t-elle un jour, lorsque, seule, entourée d’une nombreuse famille, elle pleurera sa misère dans une masure, tandis que son époux accroupi près du feu d’un estaminet ignoble, cherche à s’enivrer en se rappelant ses jours d’opulence et de grandeur.

Mais brisons là-dessus. Mon Amélie, tu me restes, tu partageras le sort de ma vie, tu oublieras mes égaremens et nous serons heureux. Je saurai t’arracher des mains d’un père ridicule… Mais elle ne vient pas ? que peut-elle faire ? et le jeune homme se mit à se promener sur le sable en attendant son amante qu’il n’avait pas vue depuis son retour, et à laquelle il avait donné rendez-vous sur cette plage.

Après quelques minutes d’attente, il entendit le froissement d’une robe, et son amante était