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venir de jeune fille là. — Je fus longtems malheureux. Après avoir parcouru toutes les phases de la vie je m’arrêtai près du torrent de la débauche. Un regard sur l’abîme fut suffisant. Je maudis l’existence et je me précipitai. Mon premier pas fut vers les femmes ; mais des femmes qui méritent à peine ce nom. Sans toi mon Amélie je croirais que la femme douce, aimante ne se trouve que dans nos livres. En effet que sont-elles ces femmes de nos jours ? Un composé de passion dont la faiblesse, principe inhérent de leur sexe, éteint le feu naturel et le change en une flamme qui n’est qu’une déception et une moquerie du beau idéal que nous cherchons dans tout ce qui nous environne. Mues par le premier principe de leur éducation, elles cherchent à plaire, à causer une impression, et elles croient y parvenir par un air affecté, un ruban ou une réponse impertinente. Est-ce que toutes les femmes n’ont pas ces avantages, et pourquoi plaisent-elles si peu ? Jeune homme qui fais ton premier pas dans ce monde que tu idolâtres, tu me répondras sans doute qu’elles plaisent. — Mais non ; semblables aux acteurs qui paraissent un moment sur un théâtre, elles amusent et elles trompent. Va les voir ces visions si parfaites dans une belle soirée, va les voir le lendemain, pâles, défaites, attendant l’heure de reprendre leur visage riant en médisant sur tout ce qui les environna la nuit précédente, et faisant rejaillir leur mauvaise humeur sur tout ce qui les approche. Le hazard a