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assassiné. Le fait est que le sang découlait lentement et continuellement de ses blessures ouvertes.

Notre héros, que nous avons perdu de vue depuis la soirée de sa fameuse conjuration dont l’effet manqua comme nous l’avons vu, par la mauvaise foi de Dupont, se trouvait là ; et il était intimement convaincu que Lepage était l’auteur du crime et, en conséquence, qu’il serait exécuté. Il s’en réjouissait secrètement ; car, depuis longtems, il n’y avait pas eu d’exécution, et il commençait à perdre l’espérance de se procurer sa fameuse main-de-gloire, avec laquelle il était assuré de ne pas se tromper. Il se permettait bien de ne pas perdre une aussi belle occasion, et de faire agir tous les ressorts de son imagination pour réussir à s’emparer d’un des bras du criminel. Il serait retourné chez lui assez joyeux sans un accident qui le chagrinait : il avait aperçu St. Céran dans la réunion chez Thibault.

Un mot sur ce jeune homme, — St. Céran était descendu d’une bonne famille et avait reçu une excellente éducation qu’il avait ensuite perfectionnée par la lecture. Sa disposition, naturellement mélancolique, l’éloignait du fracas ordinaire du monde ; aussi avait-il passé la plus grande partie de sa jeunesse dans une belle retraite, à la campagne, où il se livrait à son goût passionné