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l’évangile, le bourreau et sa dernière pensée — la mort ! Telles étaient les idées qui devaient troubler Lepage dans sa profonde sécurité. Il ne se doutait guère, lorsqu’il fut réveillé en sursaut, sur les huit heures du matin, par la voix qui lui criait que désormais il serait seul avec sa pensée, qu’avant minuit cette sentence serait accomplie.

Sa préoccupation de la veille lui avait fait oublier qu’à une demi-lieue de chez lui, une jolie anse de sable avançait à une grande distance dans le fleuve et, qu’au baissant de la marée, le courant y portait avec beaucoup de force. C’est là qu’après avoir été long-tems le jouet des flots, le corps de Guillemette fut se reposer sur le sable derrière la maison où St. Céran avait passé la nuit. Au point du jour la fermière courut à sa pêche afin de chercher du poisson pour le déjeûner de son hôte. Qui pourrait peindre son horreur lorsque sa marche fut arrêtée par un cadavre qu’elle heurta ! Elle rebroussa chemin aussitôt et courut donner l’alarme chez elle. Son mari accompagné de St. Céran et de plusieurs domestiques s’y rendirent sur-le-champ. Quel fut l’étonnement de notre jeune voyageur lorsqu’il reconnut son ami ! il allait jeter un cri de surprise, lorsqu’il aperçut une blessure au crâne. Il devint alors calme et observa seulement. Malheureux jeune homme ! — Il faut le transporter immédiatement chez vous, Mr. Thibault.