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et pensait que quoique Amand lui eût promis de prendre toute la responsabilité du crime, il se pourrait bien, qu’en y participant, il aurait aussi part au châtiment qui devait en être la conséquence. Plusieurs fois il fut près de rebrousser chemin ; mais l’idée de manquer à sa parole, et une fausse honte, le firent continuer. Comme il entrait dans le bois situé au pied de la montagne, son âme se resserra en lui-même et son cœur se prit à battre avec violence ; il lui sembla que l’atmosphère était plus étroite, une sueur froide coulait sur son front, et il se sentait exténué, ses jambes pouvaient à peine le supporter. — Il avait peur !… Chaque, arbre lui semblait un fantôme et le vent qui bruissait dans le feuillage lui semblait un gémissement qui tombait sur son esprit comme le râle de la dernière agonie d’un mourant. Il s’arrêta, ôta son chapeau et, s’étant essuyé le front, il respira plus à l’aise. Il se mit à chanter la chanson suivante pour se distraire des idées sinistres qui l’accablaient ?[1]

Quand vous passerez par chez nous,
      Oua, oua,
N’oubliez pas Madelaine,
      Falurondondaine,
N’oubliez pas Madelaine,
      Falurendondé.

  1. Les cultivateurs Canadiens ont pour habitude de chanter, « lorsqu’ils ne sont pas trop rassurés ; » pour me servir de leurs expressions.