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et de sensibilité véritable que Louison ne fit en cette occasion ? Pour moi, je n’en connais pas. Et ce qui n’est pas moins admirable que la générosité de Louison, c’est l’abnégation sublime et la soumission du pauvre tigre, son époux, qui recevait sans rien dire une correction qu’en conscience il n’avait pas méritée ; car enfin il n’avait jamais été, lui, l’ami de Corcoran.

Cependant le Malouin n’eut pas plus tôt reconnu la tigresse, qu’il sentit renaître toute sa tendresse pour cette ancienne amie. Il remit son revolver à sa ceinture et s’écria :

« Louison ! ma chère Louison ! viens dans mes bras ! »

Et elle y vint, car c’était bien sa place.

« Tu vas rentrer avec moi à Bhagavapour, » dit Corcoran.

Cette proposition, à laquelle elle devait pourtant s’attendre, jeta Louison dans un grand embarras. Elle regarda par-dessus son épaule le grand tigre, qui considérait cette scène avec une morne tristesse.

Le pauvre garçon tremblait d’être abandonné.

Corcoran comprit le sens de ce regard.

« Et toi aussi, tu viendras, grand nigaud, dit-il… Allons, c’est décidé, n’est-ce pas ? »

Mais le grand tigre demeurait immobile et morne. Alors Louison s’approcha et miaula à son