Page:Assollant - Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, II.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

blé le prix de cette marchandise, qui fait vivre trente millions d’hommes. Quarante mille Hindous sont morts de faim ; le reste se serrait le ventre ; les trois pieux marchands ont fait une fortune prodigieuse. Est-ce que tu refuseras de serrer la main à ces braves gens ? Ils n’ont violé aucune loi. Rien ne défend d’acheter du riz et de faire du bénéfice en le revendant.

— Et voilà pourquoi tu t’es retiré dans ton île comme Robinson Crusoé ?

— Oui. Là, du moins, je suis à l’abri des autres hommes. Et, tiens, il est huit heures du matin. Nous ne sommes qu’à deux mille lieues de Quaterquem. Viens visiter mon île. En ne nous pressant pas trop, nous arriverons vers six heures du soir. Nini nous fera un excellent souper, et nous passerons la soirée ensemble en causant de omni re scibili et quibusdam aliis. Tu verras si ma solitude, où j’ai toutes les roses de la civilisation, — mais les roses sans les épines, — ne vaut pas bien ton royaume, ta couronne et ton espérance d’être un jour empereur de l’Inde.

— Peut-être as-tu raison, dit Corcoran ; au reste, ne pensons plus à cela, et voyons ton île. Je me fais une fête de goûter ce soir la cuisine de Nini et d’embrasser monsieur Zozo, s’il est bien propre. »

À ces mots la frégate reçut un choc inattendu.