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pas de passion pour ce peuple orgueilleux et renfrogné ; mais il faut se supporter entre voisins… Tiens, permets-moi de me citer pour exemple. J’avais autrefois, rue Mazarine, un portier de la pire espèce, bourru, grognon, malfaisant. Passé dix heures du soir il fermait sa… c’est-à-dire ma porte. Il ne l’ouvrait pas avant sept heures du matin. Dans l’intervalle, s’il m’arrivait d’aller au spectacle ou de m’attarder dans les rues, j’étais forcé de coucher chez mes amis, et un soir, moins heureux, j’ai couché au violon…

— Mon ami, interrompit Corcoran, tu termineras demain l’histoire de ton portier. Écoute les choses sérieuses que je veux te dire et qui t’expliqueront la haine des Anglais. Tu sais ou tu dois savoir que je suis arrivé à l’empire, comme Saül, fils de Kis, qui cherchait des ânesses et qui trouva un royaume. Mes ânesses, à moi, c’était le fameux manuscrit du Gourou-Karamta, soupçonné par Wilson, signalé par Colebrooke, inutilement cherché par vingt orientalistes anglais. Sur la route j’ai rencontré Holkar et j’ai sauvé sa fille et son royaume. Jusque-là, rien que de fort ordinaire ; mais voici un secret que je n’ai encore dit à personne, secret terrible, secret redoutable qui peut me coûter la vie ou me donner le plus beau trône de l’Asie. C’est Holkar mourant qui me l’a confié, en me faisant jurer que je vengerais sa mort.