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À ce signal, le capitaine du bateau à vapeur arbora le drapeau tricolore et s’avança, sans riposter, vers le rivage. Les Indous, étonnés, ne cherchèrent pas à contrarier sa manœuvre, et le capitaine Corcoran (car c’était lui) mit pied à terre et s’avança d’un air assuré vers la porte du fort. Un sergent et quelques soldats voulurent croiser la baïonnette et lui barrer le passage ; mais Corcoran, sans répondre à leurs questions et à leurs menaces (quoi qu’il entendît très-bien la langue du pays), se retourna lentement et appliqua à ses lèvres un sifflet qui était suspendu à sa ceinture.

Le coup de sifflet retentit, aigu comme la pointe d’une épée, et fit frémir tous les assistants. Mais leur frémissement devint de l’épouvante lorsqu’une magnifique tigresse se montra sur le pont du bateau et répondit au coup de sifflet par un « ronron » formidable.

« Ici, Louison ! » cria Corcoran.

Et il siffla pour la seconde fois.

À ce second appel, Louison bondit hors du bateau à vapeur et se trouva sur la rive, où déjà Corcoran avait fait amarrer son bateau. Une minute après, les officiers, les soldats, les canonniers, les fantassins, les curieux, les hommes, les femmes et les petits enfants avaient pris la fuite dans toutes les directions et laissé là Corcoran, excepté un malheureux chef de poste, celui-là même qui