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qui ont disputé la possession de l’Inde aux Anglais.

Par une exception assez rare, ses aïeux avaient échappé à la conquête des Persans et des Mogols, et gardaient derrière leurs montagnes la foi de Brahma. Holkar lui-même se vantait de descendre en droite ligne du célèbre Rama, le plus illustre des anciens héros et le vainqueur de Ravana. C’est en l’honneur de cette glorieuse origine qu’il avait donné à sa fille le nom de Sita.

Il avait autrefois combattu les Anglais. Son père avait été tué dans la bataille, et lui, bien jeune encore, avait gardé son héritage à condition de payer tribut. Pendant trente ans, il avait espéré se venger un jour ; mais sa barbe avait blanchi, ses deux fils étaient morts sans postérité, et il ne songeait plus qu’à vivre en paix et à laisser sa principauté à sa fille unique, la belle Sita.

Il était environ cinq heures du soir. On n’entendait aucun bruit dans Bhagavapour, la capitale d’Holkar. Les sentinelles veillaient à leur poste, les yeux fixés sur l’horizon. Les soldats, accroupis sur leurs talons, jouaient aux échecs sans dire un seul mot. Quelques officiers à cheval, armés de longs cimeterres, parcouraient les rues et veillaient au maintien de l’ordre. Sur leur passage, tout le monde s’inclinait en silence. Une tristesse mortelle semblait avoir envahi Bhagavapour. Holkar lui-même était abattu. Il voyait venir la tempête. Il