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zémindars plus que la mort, était vengé de sa servitude par leur supplice.

— Comment ! dit Corcoran, cet Holkar que je prenais à cause de sa barbe blanche et de son air vénérable et doux pour un vertueux patriarche digne contemporain de Rama et de Daçaratha, c’était le scélérat que tu dis ? à qui se fier, grand Dieu !

— À personne, répondit sentencieusement le brahmine, car il n’est pas un homme sur cent qui ne soit prêt à commettre des crimes dès qu’il aura le pouvoir absolu. On n’y arrive pas dès le premier jour, ni même dès le second ou le troisième, mais on glisse sur la pente, insensiblement. Connaissez-vous l’histoire du fameux Aurengzeb ?

— Probablement, mais dis toujours.

— Eh bien, c’était le quatrième fils du Grand Mogol qui régnait à Delhi. Comme il était d’une piété, d’une vertu et d’une sagesse à toute épreuve, son père l’associa de son vivant à l’empire et le nomma d’avance son successeur. Dès qu’Aurengzeb en fut là, sa piété fondit comme le plomb dans le feu, sa vertu se rouilla comme le fer dans l’eau, et sa sagesse s’enfuit comme une gazelle poursuivie par les chasseurs. Son premier acte fut d’enfermer son père dans une prison ; le second, de couper la tête à ses frères ; le troisième, d’empaler leurs amis et leurs partisans ; puis comme