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le livre
Sonnet
Oh ſi i’estois en ce beau ſein rauie
De celui là pour lequel vois mourant :
Si auec lui viure le demeurant
De mes cours iours ne m’empeſchoit enuie :
Si m’acollant me diſoit : Chere Amie,
Contentons nous l’un l’autre, s’aſſeurant
Que ia tempeſte, Euripe, ne Courant
Ne nous pourra deſioindre en notre vie :
Si de mes bras le tenant acollé,
Comme du Lierre eſt l’arbre encercelé,
La mort venoit, de mon aiſe enuieuſe :
Lors que ſouef plus il me baiſeroit,
Et mon eſprit ſur ſes leures fuiroit,
Bien ie mourrois, plus que viuante, heureuſe,
Louiſe Labé.