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des sonnets
Michel-Ange
Que ton viſage eſt triſte & ton front amaigri,
Sublime Michel-Ange, ô vieux tailleur de pierre !
Nulle larme jamais n’a mouillé ta paupière ;
Comme Dante, on dirait que tu n’as jamais ri.
Hélas ! d’un lait trop fort la Muſe t’a nourri,
L’art fut ton ſeul amour & prit ta vie entière ;
Soixante ans tu courus une triple carrière
Sans repoſer ton cœur ſur un cœur attendri.
Pauvre Buonarotti ! ton ſeul bonheur au monde
Fut d’imprimer au marbre une grandeur profonde,
Et, puiſſant comme Dieu, d’effrayer comme lui :
Auſſi, quand tu parvins à ta ſaiſon dernière,
Vieux lion fatigué, ſous ta blanche crinière,
Tu mourus longuement plein de gloire & d’ennui.
Auguſte Barbier.