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où, le nationalisme ayant triomphé presque partout, ils seraient heureux de combler de bénédictions ces peuples vaillants dont ils condamnaient alors les aspirations au nom du droit divin des rois. Aujourd’hui, même en Italie, où le nationalisme dut longtemps chercher l’ombre des Loges pour échapper aux délations de l’épiscopat et à la persécution autrichienne, on dit du mal du carbonarisme et on glorifie Mazzini, on condamne la Révolution et on bénit Cavour ; Garibaldi aurait limité ses exploits aux Deux-Siciles, que sa mémoire serait secrètement vénérée au Vatican. Et qu’est-ce que cela prouve, sinon que les théologiens sont des hommes, et que, comme hommes, si le temporel de l’Église, y compris celui des théologiens, tient parfois trop de place dans leurs préoccupations, ils ont aussi l’âme ouverte à ce sentiment qui fait la gloire et la dignité de l’homme : l’attachement à la langue, à la nationalité ?

Mais ce que j’en dis, moi, c’est par luxe — pour acquitter en passant, d’un coup de pied à la bête malpropre qui lève la patte sur les statues d’O’Connell, de Poniatowski, de Kossuth, de Cavour, un peu de la dette de reconnaissance que tout homme libre doit se reconnaître envers ces grands briseurs de chaînes.

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