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beurre que celui qui vient après, et la qualité du lait s’améliore progressivement jusqu’à la dernière goutte que l’on peut tirer du pis. »

Peu de personnes de la campagne ignorent que le lait dernier trait est le meilleur, en sorte que l’on a donné à ce lait un nom particulier dans divers cantons. Dans quelques endroits, on l’appelle afterings ou lait d’après, parce qu’on l’obtient ordinairement, quand on en a besoin pour des personnes malades ou pour quelqu’autre usage, en retournant traire la vache après que la traite ordinaire a été faite. Dans d’autres endroits, on appelle ce lait stroakings, ou la goutte obtenue par des caresses, parce qu’il ne coule pas aussi abondamment que le lait de la traite ordinaire. On désigne probablement encore ce lait par d’autres noms dans d’autres cantons. Cette circonstance prouve suffisamment que cette différence dans la qualité du lait est une chose reconnue, quoique peu de personnes peut-être sachent quelle énorme disproportion il existe entre la qualité du premier et celle du dernier lait dans la même traite. Les faits suivans, relatifs à ce point important, sont le résultat d’expériences faites par l’auteur il y a déjà plusieurs années, et ont été confirmés depuis par des expériences et des observations sans nombre.

Ayant pris plusieurs tasses, toutes exactement de la même grandeur et de la même forme, j’en ai rempli une en commençant à traire la vache et ensuite les autres, jusqu’à la dernière goutte de lait que l’on put tirer. Le poids de chaque tasse ayant été taré, on les pesa lorsqu’elles furent pleines, pour s’assurer avec précision que chacune contenait exactement la même quantité de lait ; je répétai cette expérience un grand nombre de fois avec plusieurs vaches différentes, et le résultat fut ainsi qu’il suit :

La quantité de crême produite par la première tasse de