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nourrir ses vaches de même après qu’elles auront vêlé[1] ; car, bien que les navets et les choux donnent un goût désagréable au lait des vaches dont ils forment la principale nourriture, si elles n’en mangent que ce qui est suffisant pour les maintenir en bon état, ce goût ne sera pas sensible, et lors même qu’il existerait, il serait sans inconvénient si on élève les veaux ; si on n’en élevait pas, ce goût existerait même encore sans inconvénient pendant les premières semaines du printemps, parce qu’à cette époque le lait, le beurre et le fromage frais étant rares, on trouvera toujours à les vendre : peut-être sera-ce à un peu meilleur marché ; mais cette perte très légère sera plus que compensée par le profit qu’on tirera de la grande quantité de lait que les vaches donneront pendant tout l’été suivant, et que l’on devra au soin que l’on aura eu de les bien nourrir pendant l’hiver[2]. D’après ces considérations, on voit de quelle importance il est pour le propriétaire d’une laiterie d’avoir une ample provision de nourriture plus succulente que le foin seul à

  1. Il est profitable de donner des carottes ou des pommes de terre aux vaches une ou deux fois par jour ; mais il y aurait de la perte à les en nourrir entièrement. Une vache ordinaire mangera de 100 à 200 livres (pounds) de choux ou de navets par jour, et l’on pose que 70 à 100 livres (pounds) par jour, avec de la paille, sont tout ce que son produit peut payer.
  2. Il y a d’ailleurs plusieurs moyens de faire perdre à la crême le goût désagréable qu’elle peut avoir, à cause des choux, navets, etc., qu’auraient mangés les vaches. On peut ajouter au lait, en le mettant dans les terrines, un huitième d’eau bouillante ; on sait aussi qu’ane petite quantité de salpêtre, mélée au lait qu’on vient de traire, lui fait perdre tout goût étranger. On obtient aussi le même résultat en faisant chauffer la crême, et en la jetant toute chaude dans un vase d’eau froide, d’où on la retire aisément, parce qu’elle surnage à la surface.