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refusé de livrer ses armes rouges encore du sang Allemand, aux traîtres amis de l’Allemand, aux conspirateurs amis de la Royauté.

Les projectiles Versaillais venaient tomber à quelques mètres du cordon des gardes nationaux, crachant la poussière et la mort à la face de toutes ces femmes, de tous ces enfants, de tous ces vieillards, allant retentir dans le cœur de milliers de créatures inoffensives comme le glas funèbre de quelque chère agonie.

Dans ce jour de printemps, de fête, leurs sifflements aigus, leurs sourdes détonations, étaient le seul bruit qu’on entendît au-dessus de la foule brillante et muette.

Les morts que nous devions enterrer ce jour-là étaient au nombre de trois. C’était la carte de visite de l’horrible réalité à la 4e légion. On les avait déposés à l’ambulance des Champs-Elysées, sise au palais de l’Industrie. À deux heures, le cortége, massé devant la porte principale, se mit en marche, se frayant un chemin à travers les flots de la population. Il n’y avait que trois morts et par conséquent que trois corbillards, dont les drapeaux rouges se profilaient hardiment dans l’atmosphère transparente. Le cortége suivit la rue de Rivoli, passa devant les Tuileries, l’hôtel de ville, la colonne de juillet et remonta la rue de la Roquette pour pénétrer dans le cimetière du Père-Lachaise où les trois fosses avaient été préparées.

Les cinq membres de la Commune pour le quatrième arrondissement avaient voulu accompagner à leur dernière demeure ces premières victimes de la guerre civile. Partout, sur le passage du cortége, la foule formait la haie, et se découvrait émue et respectueuse, saluant trois martyrs