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tempête, le peuple réduit à ses seules forces encore mal organisées.

D’autre part, au point de vue politique, en restant à la Commune, ces hommes lui auraient donné le contrepoids nécessaire, essentiel à toute assemblée délibérante ou gouvernante. C’est là une loi de la statique applicable à l’humanité comme aux choses inertes.

Les démissionnaires blâmaient-ils les actes de la Commune et l’allure de sa politique ?

Raison de plus pour persister, pour tâcher de faire triompher ce qu’ils croyaient meilleur ou plus habile.

D’autres qu’eux n’approuvaient pas non plus tout ce qui se disait, tout ce qui se faisait, et Delescluze ne parlait pas en son seul nom, lorsqu’il prononçait ces admirables paroles reproduites par Vermorel :

« Croyez-vous donc que tout le monde approuve ce qui se fait ici ? Eh ! bien, il y a des membres qui, malgré tout, sont restés et resteront jusqu’à la fin, et, si nous ne triomphons pas, ils ne seront pas les derniers à se faire tuer, soit au rempart, soit ailleurs. »

Delescluze et Vermorel, en effet, fidèles à leur parole, se firent tuer le jour de la défaite.

Quelle est l’assemblée, d’ailleurs, où tout le monde approuve tout ce qui s’y fait ? Les avis sont divers, et chacun lutte pour ce qu’il croit la vérité. Il y a un cas où la démission, non-seulement est permise, mais devient un devoir, c’est quand il s’agit de déconsidérer ceux qui restent, de prouver au pays que les gens de cœur et d’honneur se retirent d’un milieu honteux et pourri, de provoquer enfin une grande manifestation de l’opinion publique.