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Il faut rendre cette justice à la Commune, que, pendant son court règne, pas un homme, pas une femme, pas un enfant, pas un vieillard, n’a eu faim, n’a eu froid, n’a été sans asile, quoique nul gouvernement n’ait été plus sobre, plus scrupuleux sur les questions d’argent, quoiqu’il n’ait pas été touché aux innombrables richesses que contenait Paris, richesses appartenant aux plus implacables ennemis de Paris.

Jamais on ne fit plus avec moins.

Chacun eût sa part, j’entends cette part à laquelle tout homme a droit et qui assure sa vie. Cependant on a aujourd’hui le compte exact des dépenses du gouvernement communal, et on reste stupéfait en voyant avec quelles faibles ressources ce gouvernement soutint une guerre horrible pendant deux mois, et chassa la faim de tous les foyers d’un peuple immense qui ne travaillait plus depuis plus d’un an.

C’est là un des miracles de la démocratie vraie. C’est en s’attribuant le salaire d’un ouvrier que ces ouvriers de la Révolution sociale, que ces dictateurs sanguinaires qui restèrent pauvres et ne firent pas tomber une tête[1], aussi longtemps que dura leur pouvoir, trouvèrent les moyens de faire face à tant de besoins.

Peuple comprends, et souviens-toi !

Pour peindre l’aspect et rendre le caractère de Paris pendant ces deux mois, il faudrait la plume d’un Victor Hugo et le pinceau d’un peintre de génie.

Que de scènes émouvantes ou sublimes !

  1. Les exécutions sanglantes ne commencèrent qu’après le 23 mai, et la Commune avait tenu sa dernière séance le 22 mai. Pendant la semaine qui suivit, les membres de la Commune qui purent encore se réunir s’occupèrent du combat et ne gouvernaient plus.