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Quelques désertions de plus parmi tant d’autres auraient passé inaperçues, puis, comme je l’ai déjà expliqué, en racontant mes propres hésitations et mes angoisses personnelles, on a toujours le droit, avant d’entrer dans l’action, de sonder ses reins, d’interroger sa conscience.

Il est même à regretter que plusieurs membres de la Commune n’aient pas compris combien la mission dépassait leurs forces, et n’aient pas refusé des fonctions que leur ignorance et leur inexpérience auraient dû leur interdire. Mais accepter d’abord le mandat, puis le rejeter au moment même où Versailles commençait l’attaque contre Paris, c’était semer le doute dans les esprits et donner un fâcheux exemple, un commode prétexte, à tous ceux qui, trouvant la situation trop dangereuse, ne cherchaient que le moyen de retirer leur épingle du jeu, de peur de se piquer les doigts.

La démission des citoyens Ranc et Loiseau-Pinson eût, de plus, cette gravité qu’en se retirant, ils entraînèrent avec eux cette portion de la bourgeoisie républicaine et même révolutionnaire, jusqu’à un certain point, qui eût été notre meilleur bouclier contre les calomnies de Versailles et les atrocités sanguinaires de la réaction.

Une fois encore le peuple restait seul, ou à peu près, en face de difficultés effroyables et d’ennemis implacables, comme il était resté seul en juin 1848.

C’était la grande défection qui recommençait, c’étaient les aînés refusant leur appui aux cadets, c’étaient ceux que leur position mettait en mesure de se faire écouter et de faire hésiter les bourreaux, qui s’effaçaient brusquement, exposant à tous les coups, à toutes les horreurs de la