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On m’a raconté que, pendant la dernière semaine, on avait vu, derrière une barricade, son cadavre percé de coups de baïonnettes.

Qu’il reçoive donc ici ce suprême témoignage de justice et de sympathie.

Puisse son fils, s’il lui survit, se rappeler ce qu’il doit à la mémoire de ce bon citoyen mort pour lui assurer un avenir meilleur.

Parmi les chefs de bataillon, nous fûmes moins heureux. Ce fut là la plaie de la quatrième légion. Il y eut parmi eux des traîtres, deux entre autres, qui au dernier moment disparurent et allèrent rejoindre les Versaillais.

Il fallait réellement que les fédérés eussent l’héroïsme chevillé au cœur pour se battre, commandés par de semblables hommes. Plus d’une fois, les bataillons dûrent marcher sans leurs commandants retenus en arrière par un prétexte quelconque, ou abandonnant leurs troupes aux avant-postes. On les arrêtait, on les traduisait en conseil de guerre, et ils étaient remplacés par d’autres qui ne valaient pas mieux. C’était là que se portait tout l’effort de la corruption Versaillaise. C’était de ce côté que Versailles envoyait rôder ses agents, et Versailles réussit plus d’une fois à y introduire ses complices.

Cependant il y eût de nombreuses et admirables exceptions. Beaucoup firent leur devoir héroïquement dans Paris, et, parmi ceux de la 4e légion, il en est plusieurs qui mériteraient une mention à part. Je n’en nommerai qu’un, le citoyen Arnould, mon homonyme, et peut-être mon parent, car nous étions du même pays. C’était un Lorrain d’une bravoure à toute épreuve, allant au feu le sourire aux lèvres, sachant parler