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Parce que son niveau moral, comme cela devait être, est supérieur au vôtre.

Parce qu’il s’appelle la Civilisation, et que vous vous appelez la Barbarie.

Parce qu’il est le Droit, et que vous êtes la Force.

Parce qu’il est la-Justice, et que vous êtes le Crime.

Parce qu’il est l’Avenir, et que vous êtes le Passé !

Parce qu’il représente un Principe, et que vous êtes le Privilège !

Ce peut être, au jour de la bataille, une infériorité momentanée, car la victoire, dans les luttes de l’heure présente où le sang coule, est souvent aux plus atroces, et, à ce point de vue, vous deviez être, comme vous l’avez été, les vainqueurs ! Mais chacune de vos victoires est un pas vers l’abîme qui vous attend ; chacune de ses défaites le rapproche du but.

Vous le sentez vous-mêmes. Vos fureurs et vos terreurs en témoignent, et au milieu de fous ces morts qui jonchent le pavé de Paris, c’est vous qui êtes le cadavre, c’est ce peuple décimé, déporté, mitraillé, qui est vivant !

Bien des fois déjà, le peuple vainqueur avait montré ce désintéressement. Elle ont parcouru le monde, ces lithographies qui représentent un ouvrier déguenillé montant la garde avec un vieux fusil devant le Palais d’un Rothschild quelconque, et veillant, affamé, sur les trésors que son salaire entasse pour autrui.

Mais en 1830, mais à Lyon, mais le 24 février 1848, ce peuple n’avait que de vagues aspirations. Il ignorait en partie ses droits . A son désintéressement se mêlait un véritable respect de la