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événements, et dont toute l’action se bornait forcément à combattre les mesures qu’elle jugeait mauvaises, sans pouvoir rien imposer, rien empêcher, puisqu’elle était la minorité.

A la tête de tous les services, ne voyait-on pas tous les hommes choisis, désignés par la Commune, c’est-à-dire naturellement par la majorité ?

Nous pouvions être des critiques, nous n’étions pas des obstacles.

On ne saurait, dès lors, s’expliquer la colère, je le répète, que notre opposition, en certains cas, excita chez quelques membres de la Commune.

Cette colère, cette irritation tout au moins, fût cependant profonde et excessive.

Pourquoi ?

Hélas ! parce que la nature humaine est ainsi faite que beaucoup d’hommes sont plus portés à haïr ceux qui combattent sous le même drapeau qu’eux, pour la moindre différence d’opinion, que leurs véritables ennemis.

Cela tient aussi à ce que beaucoup d’hommes à vue courte ne voient que le petit obstacle qui se dresse devant eux et oublient, devant ce grain de sable qui leur blesse le pied, l’abîme qui va les engloutir, de même que le taureau, emporté par sa fureur aveugle, dans le cirque, se jette sur le morceau d’étoffe rouge qu’on agite devant lui, et ne s’inquiète pas du Matador qui va le frapper à mort.

Réduits à l’impuissance à l’égard de Versailles qui leur échappait à l’abri « derrière la plus belle armée de la France, » quelques membres de la Commune auraient volontiers exercé leur énergie révolutionnaire contre la douzaine de collègues qui, de temps en temps, combattaient leurs propositions parce qu’ils les trouvaient inefficaces