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D’ailleurs, puisque nous nous étions trouvés en minorité, puisque ni notre opposition, ni notre abstention n’avaient empêché la nomination de ce Comité de salut public qui, d’après la majorité, devait tout sauver, les partisans de la dictature n’avaient aucune raison de s’irriter.

Ils tenaient leur Comité. Ce Comité n’avait qu’à fonctionner, qu’à sauver la situation. Nous ne pouvions l’en empêcher, et, quant à moi, quoique l’ayant combattu, j’aurais été profondément heureux qu’il remplît sa mission avec succès.

Personne de ceux qui me connaissent ne doutera, en effet, que je ne misse, à ce moment, comme de tout temps, le triomphe de la Révolution et le salut du peuple bien au-dessus du triomphe de mes opinions personnelles.

Je croyais que ce Comité était non seulement la négation de l’idée communale, mais encore qu’il serait impuissant, et qu’il était dangereux.

C’est pour cela que je votai contre.

Il fut, en effet, impuissant et ne fit rien de plus que n’avait fait la Commission exécutive, parce qu’il ne pouvait rien faire de plus.

La colère que notre vote inspira à la majorité est donc inexplicable en bonne logique.

La majorité, effectivement, ne pouvait s’en prendre à nous de l’insuccès de ses mesures, par cette bonne raison qu’étant la majorité, c’était elle qui gouvernait. — Elle était maîtresse. — Elle pouvait faire ce qu’elle voulait, elle le faisait.

Si elle ne réussit pas, cela tint donc, ou aux circonstances qui étaient insurmontables, ou aux moyens qu’elle employait pour les surmonter, ou à son incapacité politique. En tout cas, elle ne saurait s’en prendre à la minorité qui n’exerçait aucune influence sur la marche matérielle des