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dans les circonstances exceptionnelles où nous nous trouvions.

Une fausse manœuvre, une trahison pouvait tout perdre sans rémission. Nous allions jouer le salut du peuple, le salut de Paris et de la Commune, à pile ou face.

En fait, quel avantage espérait-on de ce Comité de salut public ?

Une plus grande concentration de pouvoir, une plus grande unité d’action ?

Soit, mais cette concentration de pouvoir, cette unité d’action, ne pouvaient être utiles, avantageuses, qu’à condition de s’exercer dans l’action, non dans la délibération. En un mot, la Commune pouvait parfaitement, sans abdiquer, augmenter la force d’action de son pouvoir exécutif, en simplifier au besoin les rouages, pourvu qu’elle restât toujours le seul pouvoir, par cette raison que, représentant le peuple de Paris, elle n’avait pas le droit de livrer les destinées du peuple de Paris, au hasard de la dictature de cinq hommes.

Et puis, d’ailleurs, dans quel sens, ces hommes dirigeraient-ils leur action ?

A quelle œuvre emploieraient-ils le pouvoir absolu qu’on leur remettait ?

Etait-ce une dictature politique ? Etait-ce une dictature militaire ?

Allaient-ils, suivant une tradition fâcheuse, une idée erronée, faire régner la terreur dans Paris, ce qui nous rendrait odieux, sans aucun bénéfice ?

Allaient-ils donner une impulsion nouvelle et différente à la guerre, hérisser Paris de barricades, créer dans la ville trois ou quatre forteresses qui nous en assurent la possession, et en rendent l’occupation impossible pour l’ennemi ?