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Peut-être les oiseaux de proie qui ont enfoncé leurs serres dans tes chairs, et qui pompent ta moelle de tes os, viendront-ils à bout de toi pour un jour, mais ta mort ne serait que momentanée, et tu revivras dans tes fils, dans cette nouvelle génération que portent tes flancs inépuisables, et qui grandit, comme tu grandis, pendant vingt ans sous Bonaparte, pour t’affirmer indompté !

Quoi qu’il en soit, ton œuvre ne sera pas perdue. Tu as posé la question révolutionnaire, la question politique et sociale, dans ses termes véritables, et toute question bien posée est résolue tôt ou tard.

Grâce à toi aussi, le peuple a désormais son cri de ralliement :

Commune !

Et son étendard, l’étendard rouge, éclatant comme la lumière.

Sous cet étendard, avec ce cri, il vaincra !

Quant à moi, Paris, me sera-t-il permis de te revoir ? Peut-être ! Peut-être aussi la séparation est-elle éternelle. Mais quelles que soient, peuple de Paris, les angoisses de l’heure présente, les douleurs mornes de l’exil, l’indignation aiguë qui déchire nos cœurs en songeant aux martyrs qui sont mort désespérés, à ceux qui agonisent sous d’autres cieux, et qui ne voient pas venir la justice, — quoi qu’il en soit, peuple de Paris, il est une vision qui ne me quittera plus.

Toujours, je te reverrai tel que tu fus dans ces jours héroïques, et cette vision me dira que la masse, loin de s’abaisser et de s’amoindrir, grandit, progresse, devient meilleure, plus sublime dans l’action, plus indomptable dans l’amour de la justice et de la vérité.