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C’est loin de toi, Paris, que ces lignes qui m’ont fait revivre avec toi ont été écrites, loin de toi, grand Paris, foyer de la Révolution universelle, apôtre de la bonne nouvelle humaine, messie et martyr !

Tu viens de donner un exemple que nul n’oubliera. Ivre de vérité, fou de justice, tu as pris ta couronne de capitale de tes mains généreuses, et tu l’as jetée à tes pieds, en criant :

« Place pour tous ! Vie pour tous ! Liberté, action, dignité, grandeur pour tous !

« Je veux seulement être libre dans la France libre, pour rentrer dans le grand courant de la vie nationale, qui deviendra un jour le courant de la vie universelle. Je ne me réserve qu’un droit : — celui de marcher le premier, en tête, toujours plus avant sur la voie de l’avenir ! »

À ce cri t’ont répondu les mitrailleuses de Versailles, les fusillades, les pontons, Satory, la Nouvelle-Calédonie !

Ce cri de vie à la France, au monde, t’a coûté cent mille de tes enfants !

Vaincu, tu n’en es pas moins grand !

Vaincu, tu n’en es pas moins dans le vrai !

Quel avenir t’est-il réservé ?

Je l’ignore.

Peuple messie, verras-tu la terre promise ? Sur ce long calvaire, plus tragique, plus douloureux, plus sublime que celui du prétendu homme-Dieu, laisseras-tu jusqu’à la dernière goutte de ton sang, jusqu’au dernier souffle de tes lèvres, jusqu’à la dernière étincelle de ton génie initiateur et militant ?

D’autres récolteront-ils ce que tu as semé, ce que tu as arrosé de ton sang généreux ?

Non !