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en France, où le problème s’est d’abord posé dans toute sa netteté, vous voyez la lutte engagée entre le Peuple et l’Etat.

Le Peuple qui ne croit plus au droit divin, à qui on a appris à regarder l’Etat comme sa représentation, créée pour satisfaire à ses besoins, n’a plus pour l’Etat ce respect timide, cette résignation stupide que lui imposait jadis la croyance en son origine providentielle. Donc il le discute, et, en vertu de la fiction qui le déclare chargé d’affaires du bien-être et des intérêts du Peuple, ce dernier lui demande le bien-être et la satisfaction de ses intérêts. L’Etat n’y parvient pas, ne le voulant pas, et ne le pouvant pas. Le Peuple se soulève, change les hommes, change les noms. Au lieu de Charles X, il a Louis-Philippe, au lieu de Napoléon III, il a la République versaillaise. Mais ce n’est ni Charles X, ni Louis-Philippe, ni Napoléon III, qui étaient le véritable ennemi, et ce n’est point parce que sept cents hommes légiféreront au nom de la République, au lieu de légiférer au nom de l’Empereur, que les choses seront autrement.

« Je vous le dis, en bon français, notre ennemi, c’est notre maître ! »

Or, quel est ce maître ? — C’est l’Etat, c’est-à-dire, cet être de raison à qui vous avez confié le droit de disposer de vos personnes et de vos biens, du présent et de l’avenir de la patrie où vous vous développez. Le mal dont vous souffrez, c’est d’abdiquer, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre, mais d’abdiquer toujours et d’attendre d’autrui ce que vous ne devriez demander qu’à vous-même. Ce qui vous ronge, ce dont vous mourrez, si vous n’y portez remède, c’est d’avoir au-dessus de vous quelque chose qui n’est pas