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En quoi consiste-t-elle essentiellement, en quoi diffère-t-elle de l’ancienne tradition révolutionnaire, quel élément nouveau apporte-t-elle au développement de l’homme et de la société ?

Tels sont les seuls points que nous ayons à élucider ici.

Toutes les sociétés modernes vivent sur la conception d’une autorité supérieure à l’homme, et par conséquent en dehors, au-dessus de la collectivité humaine. A l’époque où la religion dominait, maîtresse des esprits et des choses, cela s’appelait le Droit divin. L’autorité était investie d’un caractère sacré. L’obéissance était un devoir, le Pouvoir un sacerdoce. Il ne devait de compte qu’à Dieu, dont il était institué.

Cet état de choses dura jusqu’à la Révolution française, qui arracha le droit du ciel pour le remettre à l’homme. A partir de 89, l’Etat ne fut plus le représentant du Droit de Dieu, mais le représentant du Droit humain, de la Société. Le consentement populaire, le consentement universel, présumé ou effectif, devint sa base. Cela s’appela être l’organe de la société, agir et commander en son nom, au mieux de ses prétendus intérêts.

En principe, cette Révolution était immense, et semblait trancher définitivement la question. En fait, elle ne tranchait rien, et l’expérience des quatre-vingts années écoulées depuis le Serment du jeu de paume, est là pour le démontrer surabondamment.

En effet, si on avait changé l’origine du Droit de l’Etat, on avait respecté ce Droit.

S’il cessait de le tenir de Dieu, pour être censé le tenir, ou même pour le tenir réellement de la